Un peu de géographie : La terre de feu est le nom donné à l’archipel d’îles qui se trouvent tout au sud du continent sud-américain. L’île principale, mi-Chilienne, mi-Argentine est séparée du continent par le détroit de Magellan.
Nous voilà donc tout au sud, et pourtant encore bien loin du Cap Horn qui n’est accessible qu’en bateau. Cela peut paraitre étrange mais pour pouvoir aller du côté Argentin de l’île la seule solution est de traverser la partie Chilienne, nous commencerons donc par le Chili. Pour nos derniers jours avec notre superbe voiture nous n’avons rien de prévu en particulier, nous verrons ainsi au jour le jour ce que l’on va faire.
Première étape : traverser le détroit. Pour cela nous prenons un des nombreux ferrys. Nous avons de la chance et n’attendons pas trop longtemps avant de pouvoir traverser, et nous sentons encore plus chanceux de voir des dauphins noirs et blancs jouer autour du bateau pendant la traversée. Nous ne savions même pas qu’il existait de tels dauphins et sommes bien contents de les voir sauter, même si nous n’avons pas réussi à prendre de jolies photos d’eux !
Nous passons une première nuit à Cerro Sombrero, village du côté Chilien, que nous avons trouvé amusant, il parait être bloqué dans le temps il y a 50 ans. Nous avons ensuite 2 solutions pour les prochains jours : ou bien partir en direction de la fameuse Ushuaia, ou bien rester au Chili, et explorer cette partie de la Terre de Feu en direction du Sud aussi. La partie chilienne est bien plus sauvage et moins habitée aussi nous nous décidons pour celle-ci et tant pis pour Ushuaia. La seule attraction touristique de ce côté de l’île est d’aller encore voir des pingouins on n’en a toujours pas eu assez aussi c’est notre première destination.
Ces pingouins royaux (ou manchots royaux, la différence entre les deux n’existant pas en anglais ni en espagnol nous avons du mal à savoir), sont les seconds plus gros manchots existant (après les manchots empereur qui ne vivent qu’en antarctique) et mesurent environ 90cm. Malheureusement cette espèce est en voie d’extinction et n’est présente que sur de petits îlots complètement isolés en plus de l’Antarctique hormis cette colonie de d’une baie de Terre de feu donc. Impossible de les approcher de près, pour leur préservation nous nous contentons de rester à un point de vue où sont des jumelles afin que nous puissions bien les observer. L’expérience est donc moins sympa que celle d’il y a deux jours, mais les pingouins sont vraiment très beaux et font bien plus majestueux que les petits de Magellan ou de Humboldt que nous avons déjà vu.
Nous continuons notre route, toujours plus au sud, avec un arrêt technique dans une grosse scierie qui sert aussi de pompe à essence pour tout le coin. Décidément on aura tout vu. Les paysages sont très beaux, entre forets et plaines dans lesquels des guanacos se promènent en nombre.
La région des castors
Nous passerons la nuit au bord d’un super lac dans la vallée des castors.
Nous apprenons ainsi que des castors du canada ont été introduits en terre de feu afin d’y faire des élevages pour vendre leurs fourrures. Des dizaines d’années plus tard, beaucoup sont en liberté et nous nous rendons compte que ces animaux sont un fléau pour la région et détruisent / changent toute la typologie : en coupant des arbres et créant des barrages ils inondent des parties, en assèchent d’autres et sans aucun prédateur ils se reproduisent tellement rapidement qu’on peut parler d’invasion.
Si les gens du coin ne sont pas contents, de notre côté nous admirons les ingénieux barrages et l’épaisseurs des troncs qu’ils arrivent à couper avec leurs dents. On fait même une pause de quelques heures, afin de nous camoufler et d’observer la vie près d’un grand barrage. Au bout d’un moment nous finissons par voir du mouvement, et apercevons des rongeurs mais sommes un peu déçus par leur taille et surtout leur ressemblance avec des rats. Il y en a plusieurs, ils vont de terriers en terriers mais on sent bien qu’il y a un problème ! Effectivement après vérification sur nos téléphones, nous avons passés 2 heures à observer des ragondins.
S’ils ne fabriquent pas des barrages les ragondins sont bien contents de profiter de ceux des castors. Petite différence ils vivent sur la rive et principalement dans la terre alors que les castors vivent dans une hutte en bois qu’ils construisent au milieu de leurs lacs.
Tant pis pour cette fois nous essaierons d’en voir d’autres demain. Ce soir nous sommes bien abrités du vent au bord du lac, et nous en profitons pour allumer un petit feu et passer une bonne soirée dans un cadre magnifique. Lorsqu’il n’y a pas de vent il fait vraiment bon et les longues soirées sont agréables.
Le lendemain, après une promenade sur les hauteurs du lac, nous reprenons notre chemin vers la fin de la route Chilienne. Nous ne sommes pas allés jusqu’au bout du bout de la route (en même temps cela n’a pas grand intérêt, et nous évitons les détours pour économiser l’essence), mais nous sommes allés jusqu’à la dernière maison de la terre de feu côté Chilien. Pour cela nous avons franchi quelques montagnes, et nous retrouvons avec des paysages bien différents de la veille, entourés de lacs et de fjords avec des glaciers qui surplombent la mer. C’est dommage qu’il n’y ait pas beaucoup de chemins pour pouvoir mieux découvrir cette région mais ce que l’on en a vu est très beau (même si c’est aussi très très venteux).
Une maison, une plage au fond d’un fjord battu par le vent, les glaciers qui surplombent les montagnes qui se jettent dans la mer, des ossements de baleine sur le sable, c’est vraiment le bout du monde !!
Finalement, pour découvrir les environs, le mieux serait de faire un tour en bateau. En effet les bateaux qui font office de ferrys entre Puerto Natales et l’île au sud de la terre de feu (oui oui Ushuaia n’est pas la ville la plus au sud du monde, il y a bien une ville Chilienne un peu plus au sud), traversent les nombreux fjords de la région et doivent valoir le coup. Bien sur il n’y en a pas beaucoup, et la place pour la voiture est hors de prix ce ne sera donc pas pour nous !
Nous nous retrouvons un endroit au bord d’un autre lac, et pouvons ici aussi passer la soirée auprès d’un feu. Il pleut pendant la nuit, espérons qu’il ne neige pas trop en altitude car demain nous devons repasser de l’autre côté et nous n’avons pas de chaines. Mis à part observer les paysages il n’y a pas grand intérêt à aller tant au sud de ce côté de la frontière. Il n’y a rien de rien, une base militaire, une ferme et deux ou trois gardes parcs pour protéger le parc national du coin.
Et pourtant en remontant (oui oui on met maintenant cap vers le nord), nous croisons un bon nombre de voitures. En effet c’est le week-end et ici cela veut dire chasse & pêche !! Au vu du nombre de personnes croisées ils doivent venir de loin ou alors ils sont bien cachés car on n’a pas aperçu beaucoup de maisons.
Nous nous arrêtons aujourd’hui dans un parc naturel pour y faire quelques balades.
Le parc naturel Karukinka
Il est temps de nous dégourdir les jambes, et de dire bonjour aux Castors (aux vrais cette fois ci).
Nous voilà donc partis pour une promenade dans les bois, nous y avons vu pleins d’animaux (chevaux, guanacos, oiseaux divers et variés, lièvres, et les fameux castors).
Pour voir les castors, nous avons encore une fois attendus sans bruit, un peu cachés avec une belle vue sur l’ile du milieu. Au bout d’un moment ils sont venus, bien plus gros que les ragondins on les reconnait à leur grosse queue plate. Il suffit d’un peu de patience et le tour est joué.
Le nombre d’arbres coupé et de vallées asséchées est impressionnant et nous comprenons bien que cela doit avoir un impact dans la région.
Après ces quelques heures dans la nature nous avons donc une grosse réflexion : nous avons la voiture pour encore 3 jours qu’est ce qu’on va faire ? Est-ce qu’on reste dans le coin ? On passe côté argentin pour aller à Ushuaia ? On profite pour passer un peu de temps vers Punta Arenas ? Finalement la route ne nous fait pas peur, et nous franchissons la frontière afin d’aller voir si le paysage est le même de l’autre côté de l’île.
La partie Argentine
Nous sommes aussi motivés par aller voir les colonies de lions de mer que l’on peut observer en prenant le bateau depuis Ushuaia.
Nous avons beau avoir l’habitude des frontières perdues, nous avons ici passé un autre cap. Premièrement, on l’avait lu sur l’application mais ne l’avions pas cru, les frontières du coin servent aussi de camping. Comme c’était le week-end il y avait donc pleins de monde autours d’un feu de camp et pleins de tentes. Les douaniers ont donc mis longtemps à venir tamponner nos passeports. Et ensuite, autant d’un côté que de l’autre nous avons du ouvrir nous même les barrières pour passer, les douaniers étant retournés près du feu après avoir mis le tampon règlementaire. Pas de fouille de voiture ni rien, il n’a même pas pris le temps de nous dire « c’est bon vous pouvez passer ».
Finalement cela aurait été très très facile de traverser sans rien dire à personne, et pourtant notre van rose n’est pas non plus très discret.
Du coté argentin on retrouve un peu plus de civilisations. Des routes en relativement bon état, et surtout des villes de tailles importantes. Une fois la frontière passée on remet cap au Sud vers Ushuaia. On passe à nouveau les montagnes, qui sont magnifiques avant d’arriver. On le savait, mais on est quand même surpris : on ne se sent pas vraiment au bout du monde ici mais plus dans une grande ville portuaire.
On se rend sur le port pour faire un tour un bateau dans le détroit et aller voir les lions de mers, mais malheureusement le vent souffle encore très fort, et après avoir pensé pouvoir partir dans l’après-midi, la capitainerie bloque tous les départs. On est donc venu jusqu’ici pour ca, mais ce fut un échec.
On profite quand même d’une petite balade sur le bord de mer avant de remettre cap au Nord.
Pour cette avant dernière nuit on recherche un coin sauvage, et on se rend donc sur une belle plage sur laquelle un navire est échoué. L’exploration de l’intérieur a vite coupé court vu l’état du métal complétement rouillé et percé mais c’est à nouveau une belle soirée dans notre van malgré le vent (oui c’est un thème récurrent dans cette partie du monde).
Après une dernière journée de route avec passage de frontière et ferry, histoire de nous rajouter encore quelques tampons sur notre passeport, c’est sur une falaise surplombant la mer que nous dormons pour la dernière fois dans le van.
Nous passons cette belle soirée à observer des baleines et dauphins dans le détroit!
Enfin, pour les observer vraiment il nous aurait fallu des jumelles, là on s’est contenté d’apercevoir des jets d’eau au loin, et quelques ailerons de temps en temps, mais on est quand même ravis.
Après des adieux déchirants avec notre van le lendemain on essaie donc de voir s’il n’est pas possible de faire un tour en bateau pour aller se rapprocher des baleines, mais on ne voit rien de tel sur la journée à Punta Arenas. La ville ne nous attirant pas plus que ça nous nous reposons finalement à l’hôtel avant de prendre l’avion pour quitter le Sud et éventuellement le Chili.