Trajet

Avant de parler du Laos on peut déjà commencer par parler de notre trajet pour y arriver. En effet nous avons décidé de nous y rendre par la terre depuis la Birmanie. Mais si les deux pays ont bien des frontières, celles ci ne sont pas ouvertes aux étrangers. Il nous faudra donc traverser la Thaïlande avant d’atteindre notre destination. Récit donc d’un voyage de 20h en Thaïlande.


Nous quittons Hpa An, sous la pluie, en taxi partagé qui nous emmène jusqu’à la frontière Thaïlandaise. On fait tamponner nos passeports, puis on traverse à pied le « Pont de l’amitié » qui sépare les 2 pays. Détail qui nous a amusé sur ce pont : on inverse les voies en plein milieu du pont (en Birmanie on roule à droite alors qu’en Thaïlande c’est à gauche).

Une fois en Thaïlande nous chercons à nous rendre dans la ville de Chiang Rai pour traverser la frontière avec le Laos. Après avoir fait 2 stations de bus dans la ville frontalière, on embarque dans un minibus, sous la pluie, qui nous emmène à la ville de Tak, d’où partent de nombreux autres bus. Nous n’en étions pas sur, mais nous y trouvons un bus direct pour Chiang Rai qui part dans 4h. L’avantage c’est qu’il est direct, l’ennui c’est qu’il arrive à 2h du matin.

Arrivés en pleine nuit donc, et sous la pluie, nous décidons de nous installer sur des bancs (à l’abri) pour dormir jusqu’à 6h du matin et prendre le premier bus pour la frontière Laotienne.

Après un nouveau coup de tampon sur les passeports c’est en bus cette fois, et toujours sous la pluie, que nous traversons un second pont de l’amitié (on n'a pas fait attention mais on imagine qu'on a encore changé de côté au milieu du pont).
Nous sommes bien au Laos mais notre périple n’est pas fini, nous souhaitons rejoindre une ville réputée pour ses treks dans la jungle : Louang Namtha.
Nous repartons donc dans un nouveau bus.
Au total nous aurons parcouru 900km en 34h le tout via 14 moyens de transports !
Changement de sens sur le pont de l'amitiéOn n'est pas bien là?

L’avantage c’est qu’il a plu presque non stop pendant tout ce temps donc on n’a pas de regret d’avoir passé du temps en trajet, on n’aurait pas eu envie d’être dehors de toute façon.
Nous retiendrons de ce voyage le nombre important de bus/camion renversés au bord de la route sur le trajet. Bien sur on imagine qu’ils ne sont pas évacués aussi vite qu’en France et qu’ils restent donc un bon moment au bord la route, mais cela n’est quand même pas très rassurant.

Louang Namtha

En arrivant à Louang Namtha nous sommes immédiatement marqués par la beauté des paysages qui entourent cette petite ville : collines de jungle de tous les côtés.
La ville en elle même est assez petite et nous paraît très calme ce qui est bien agréable. Nous nous y baladons, découvrons le marché et ses spécialités locales (insectes, serpents, rats ...) qui ne nous donnent pas vraiment envie, et qui font un peu peur à Lise pour la suite du voyage.

La principale activité de cette ville est de faire des treks dans la jungle. C’est aussi ce pour quoi nous sommes venus, et réservons donc un trek de 2 nuits avec 2 jours de marche et une journée de kayak.
Nous partons le lendemain, accompagné de James, un gallois qui voyage seul et de notre guide, rapidement rejoint par un autre guide venant d’un village que nous traversons, il ne parle pas anglais mais connais mieux les environs et a déjà fait ce trek .

Nous nous enfonçons en pleine jungle rejoindre un camp où nous passerons la première nuit. La piste que nous empruntons est nouvelle (nous ne sommes que le 2ème groupe à la suivre) et donc pas encore très bien tracée. C'est ainsi que 30 min après notre départ, notre guide anglophone se perd pendant quelques minutes avant de nous retrouver. Pas très rassurant quand le guide se perd !!

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Les jours précédents ont été très pluvieux, et le sentier que nous suivons est très boueux et glissant ce qui rend notre progression difficile, d'autant qu'il fait chaud et humide, entourés comme nous le sommes par la végétation.
Nous découvrons aussi qu'il n'y a pas de plat dans la jungle par ici : on monte où on descend sans arrêts.

Oh, et il ne faut pas oublier de parler des sangsues, qui tentent de grimper sur nos jambes (voire jusqu'à nos ventres). Et elles y parviennent !
Autant le dire : on en chie (surtout que l’on a pris l’habitude de voyager léger et n’avons pas l’habitude d’avoir 8L d’eau dans notre sac. Enfin l’un de nous en avait 8, l’autre 2 .. On vous laisse deviner qui 😜), et on est bien contents d'arriver assez tôt à notre camp.

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Nous y découvrons une cabane de bois, avec un coin cuisine, dans laquelle nous passerons la nuit.

Pendant que nous nous reposons, nos guides s'activent pour préparer notre dîner avec la nourriture qu'ils ont transporté avec eux. Nous aurons droit à une sauce tomate, du porc au barbecue, et un ragoût typique notamment à base de fleur de bananier tout juste ramassée dans la jungle et du « sticky rice », le riz collant qui se mange à la main en faisant des boulettes trempés dans l’accompagnement.
Pour cuisiner tout cela, nul besoin de gamelles ou autre ustensile, tout se fait à base de bambou.
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On reste donc tous les 3 (avec James) admiratifs pendant toute la préparation du repas. Les voir couper les bambou de différentes taille ayant chacun une utilisation (des brochettes pour barbecue, des couverts, des marmites pour tout faire cuire…) On découvre ainsi que posé sur des braises, le bambou ne va pas bruler, il se consume un peu mais tient suffisamment longtemps pour que ce qu’il contient ai le temps de cuire.
On comprend donc vite que pour (sur)vivre dans la jungle il suffit simplement d’un point d’eau, d’une machette et de bambous, d’autant que le lendemain nous verrons qu’on peut même manger les jeunes pousses de ces bambous.
Nous passons la soirée à discuter avec notre guide et à faire des jeux de cartes, mais après une journée comme celle ci la soirée est rapide !
Après une « bonne » nuit à même le sol (en bambou bien sur) avec comme seul confort une couverture et une moustiquaire, nous repartons pour une journée encore plus dure que la précédente. Ou peut-être aussi dure mais disons que le petit déjeuner ne nous à pas trop inspiré et donc on a un peu moins de force. En effet pour débuter notre journée nous contentons de sticky rice et d’une soupe au choux. Un petit déjeuner de rêve donc, surtout pour Lise qui n’aime pas trop le chou et s’est donc contenté de riz.
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Malgré tout nous sommes admiratifs devant cette jungle toujours aussi dense, par la taille des bambous que nous voyons notamment. On est encore plus admiratif devant le guide local qui marche en jeans avec une veste et des petites baskets. Et qui pour autant glisse beaucoup moins que nous avec nos vraies chaussures de marche (il a encore plu toute la nuit donc nous avons beaucoup beaucoup de boue), ne paraît pas transpirer (alors que nos tee-shirt sont trempés et que nous rêvons d’une douche), et trouve la force de libérer le chemin devant nous avec sa machette et couper quelques bambous pour nous faire des bâtons de marche (et bien sur il porte notre déjeuner).
Après quelques heures de marche, nous sortons de la jungle, d’un coup l’air est plus respirable. On trouve quelques fruits qui nous donnent des forces puis nous traversons à pied une rivière (au vu de l’état des ponts et de la chaleur on est bien content de la traverser à pieds), et arrivons dans un petit village où nous avons un bungalow qui nous attend près de la rivière. Ce soir là on a le droit a un peu plus de confort : 2 couvertures en guise de matelas, des toilettes et on peut se baigner dans la rivière.
Le lendemain nous passerons la journée en kayak.
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La nuit a été bien meilleure, et le kayak bien moins fatiguant que la marche (enfin surtout pour Lise… ). Heureusement qu’on est deux dans un kayak d’ailleurs !!
Nous passons une très bonne journée à nous baigner, avancer au gré du courant et de nos coups de rames, et visiter plusieurs villages sur la route. Les villages que nous visitons ne sont pas tous habités par les mêmes ethnies, on remarque donc différents styles de maisons (on reconnaît bien sur celles sur pilotis que nous voyions en Birmanie), différentes tenues et d’après ce que nous raconte notre guide leurs coutumes aussi ne sont pas les mêmes.

Pour le déjeuner nous avons le droit à des grenouilles que notre guide est allé « pêcher » pendant la nuit !! C’est d’ailleurs rigolo de voir que tout le monde croit qu’en tant que Français on en mange régulièrement. Je ne sais pas pour vous mais nous n’en avions jamais mangé, et n’en avons jamais vu au supermarché non plus.
Notre guide profite aussi de la journée plus tranquille pour nous faire découvrir l’alcool de riz local qu’il boit comme de l’eau, et qui nous réchauffe durant la descente.

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Pour conclure sur ce trek, nous avons beaucoup aimé, c’était une très belle expérience et notre guide était vraiment très sympa et nous a appris beaucoup sur les coutumes locales. Notamment sur le mariage (la polygamie), les enfants et la vie de famille (sujet qui semblait l’obséder).
Nous avons aussi eu beaucoup de chance avec la météo, on sent que la mousson se rapproche et il y a régulièrement des averses mais pendant ces 3 jours il n’a plu que la nuit.